Histoire d’un terroriste

Il y a quelques semaines, j’ai profitĂ© d’un moment libre pour aller prendre quelques clichĂ©s Ă  la gare de trains de banlieue Bois-Francs. Malheureusement, deux inspecteurs firent leur apparition et, comme je m’y attendais, dĂ©cidèrent d’outrepasser la limite de leur pouvoir.

L’histoire se dĂ©roule le 24 janvier dernier, entre 13h00 et 14h00. Ils commencent par me demander pourquoi je prends des photos, me disent que je ne peux prendre de photos sur la gare sans autorisation (ce qui est vrai) et ajoutent que dans tous les cas, prendre une photo des machines Opus, c’est interdit. Et lĂ , attachez-vous bien, l’un d’eux me sort l’argument qui tue:

Je pourrais ĂŞtre un terroriste.

Ah lĂ  lĂ , la caricature mĂŞme de l’agent qui ne connait rien en la matière. Après un «come on» bien senti, je leur explique que je suis photographe de presse indĂ©pendant et que ma prĂ©sence fait suite Ă  une demande de photos. Le mĂŞme agent me demande mon nom et le nom du mĂ©dia en question, et avise par radio sa centrale. Puisque je ne dois pas ĂŞtre retardĂ© et que ces deux bonhommes ont les bras pour me l’imposer, je prĂ©fère ne pas trop m’obstiner avec eux.

Mais, avant de me laisser partir, ils exigent que je supprime les photos que j’ai prises. Je leur demande pourquoi, en ajoutant quelques arguments lĂ©gaux, mais ils ne veulent rien entendre. Le temps jouant contre moi, je prĂ©fère obtempĂ©rer, sachant que je n’Ă©tais de toute façon pas très satisfait du rĂ©sultat. Mais je prends soin de noter leurs noms et leurs numĂ©ros de matricule dans le but de faire une plainte.

Oh, et tant qu’Ă  y ĂŞtre, soyons baveux. Messieurs les inspecteurs, voici une des photos que vous m’avez forcĂ© Ă  supprimer:

[photo format= »650″ date= »20120124″ numero= »007″ haut= »664″]

Eh oui, je les ai très facilement rĂ©cupĂ©rĂ©es. Donc votre entĂŞtement n’aura rien donnĂ©.

Ces agents Ă©taient-ils dans leur droit?

RĂ©ponse claire: NON. En aucun cas ils ne peuvent saisir votre matĂ©riel de photo. Seul un policier peut le faire, Ă  la condition qu’il ait un mandat ou que vous soyez en Ă©tat d’arrestation. Et, mĂŞme dans ces conditions, jamais il ne pourrait supprimer ou vous faire supprimer des photos. Ça deviendrait de la destruction de propriĂ©tĂ© privĂ©e, et c’est un crime.

Qu’est-ce que mes deux bozos pouvaient faire? M’expulser de la gare. Point. Dans la mesure oĂą aucun crime n’est commis et aucun règlement municipal n’est enfreint, la police n’a pas Ă  intervenir. Il s’agit d’un règlement de l’AMT (quoique, pour le statut spĂ©cial des machines Opus, j’en doute), donc tant que je ne rĂ©siste pas Ă  mon expulsion (ce qui deviendrait une occupation illĂ©gale), la police n’a aucun motif d’intervention.

Je vais essayer de rassembler les articles des diffĂ©rentes lois concernĂ©es, question d’avoir des rĂ©fĂ©rences Ă  portĂ©e de main si un agent de sĂ©curitĂ© ou un policier abuse de son pouvoir. En attendant, le photographe Francis Vachon en a fait un bon rĂ©sumĂ© dans son billet sur le droit Ă  l’image.

Si mes deux bozos lisent ce texte, je les salue! Et je les invite Ă©videmment Ă  s’informer davantage cĂ´tĂ© lĂ©gal, car la prochaine fois, si je ne suis pas contraint par le temps, ils verront Ă  quel point je peux avoir une tĂŞte de cochon.

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